“Toujours les mêmes excuses, une mi-temps différente : les supporters en colère alors que l’entraîneur de Lens excelle dans l’art de ne rien dire pendant que l’équipe erre en première période”

“Toujours les mêmes excuses, une mi-temps différente : les supporters en colère alors que l’entraîneur de Lens excelle dans l’art de ne rien dire pendant que l’équipe erre en première période”

Ce qui devient désormais un refrain familier après chaque match, l’entraîneur a une nouvelle fois livré son résumé devenu presque rituel : “frustrant, on en a pas fait assez”, suivi de l’inévitable référence à certaines décisions arbitrales douteuses. En début de saison, le problème venait des deuxièmes mi-temps — “on fait une mauvaise deuxième mi-temps” — mais désormais, le discours s’est inversé. Depuis quelque temps, c’est “on fait une mauvaise première.” On pourrait appeler ça du progrès. Un progrès bien sec, mais du progrès tout de même.

Pour être juste, il ne ment pas. Factuellement, tout se vérifie. Il ne va pas descendre son groupe après une première mi-temps aussi plate et insipide. Son rôle, après tout, est de maintenir le navire à flot, pas de le couler.

Et il y a bien eu une amélioration. La seconde période a montré davantage d’intention. La performance s’est affinée. Avec un peu plus de réalisme dans les derniers mètres — et si Nzola et Agbonifo avaient été plus tranchants — l’égalisation n’aurait pas été volée. Elle aurait même été méritée.

Et pourtant, une frustration palpable s’installe dans les rangs des supporters, notamment après le derby. L’entraîneur, en conférence de presse, a répété : “frustrant, on perd sur pas grand chose.” Cela peut être vrai pris seul, mais replacé dans un contexte plus large, ce discours semble de plus en plus déconnecté de la réalité.

On a aujourd’hui l’impression qu’il a perdu le fil, ou du moins la lucidité. La cohérence tactique qui existait auparavant s’est muée en football réactif, où l’équipe ne se réveille qu’une fois le mal déjà fait. Les premières mi-temps sont devenues un cimetière d’idées. Possession stérile, absence d’urgence, manque de mordant. Et quand enfin les choses s’enclenchent, il est souvent trop tard.

Ces sursauts en seconde période, aussi courageux soient-ils, deviennent un écran de fumée — des éclats de vie qui masquent des problèmes bien plus profonds. Si une équipe doit être menée pour commencer à jouer, ce n’est pas de la résilience. C’est un problème structurel.

À mesure que les semaines passent, ses mots sonnent de plus en plus creux. On ne peut pas répéter “c’est frustrant” indéfiniment sans que les supporters cessent d’écouter. Car ce qui est encore plus frustrant, c’est d’entendre le même discours, semaine après semaine, sans aucun vrai changement sur le terrain.

Oui, l’arbitrage a pu jouer un rôle à certains moments. Et oui, les petits détails peuvent décider des matchs serrés. Mais le football est fait de cycles, et celui de Lens en ce moment est une spirale de débuts ratés et de secondes mi-temps à sauver l’honneur. Ce n’est pas tenable — et les supporters le savent.

Le plus inquiétant, c’est que l’homme sur le banc n’en a peut-être même plus conscience.